giovedì 29 agosto 2013

art brut

Jeanne Tripier (1869 1944)

Fille d’un marchand de vin, Jeanne Tripier passe son enfance chez sa grand-mère à la campagne. Par la suite, elle vit à Montmartre, avec son fils Gustav, dont le père est américain. Elle travaille comme vendeuse. A l’âge de cinquante-huit ans, elle se passionne pour le spiritisme. Elle est internée en 1934 pour "psychose chronique, logorrhée et mégalomanie". “Médium de première nécessité, justicière planétaire et réincarnation de Jeanne d’Arc”, elle développe, pendant les dix années de son hospitalisation, une vision du monde qu’elle transcrira, mêlées aux souvenirs de sa vie quotidienne, dans sesMessages relatant ses voyages interplanétaires, ou ses Missions sur Terre. Elle réalise des dessins à l’encre, qu’elle mélange avec de la teinture pour les cheveux, du vernis à ongles ou des médicaments. Accompagnés de textes, ces dessins deviennent des sortes de cartographie de la voyance. Mais l’œuvre de Jeanne Tripier la plus saisissante est constituée de broderies. Femme au foyer pendant la première partie de sa vie, l’aiguille devient pour elle une arme redoutable le jour où son “corps fluidique astral” l’emporte définitivement sur son “corps fluide charnel”, le jour où elle "décide" une migration mentale et devient ainsi la main de Jeanne d’Arc, de Joséphine de Beauharnais et de tout un défilé de personnages extravagants. Les messages émanant de toutes ses personnalités défilent et se mêlent les uns aux autres, créent le fil discontinu d’une “litanie de l’absurde”, lancent des imprécations, déclenchent des guerres, parlent au moyen de codes secrets qu’elle baptise “langage sphérique”. En s’offrant aux esprits qui guident son aiguille, Jeanne Tripier nie sa propre identité, laisse venir des formes dénuées de toute représentation convenue. Protégée par l’anonymat, elle s’affranchit de la conformité, de la banalité et, en utilisant l’outil de sa domination comme arme symbolique, elle devient une grande artiste.